Françoise Hardy - Mon amie la rose


 
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 Août 2000 - Chantant de solitude (Libération) - Partie 2

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Jérôme
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Jérôme

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Août 2000 - Chantant de solitude (Libération) - Partie 2 _
Message(#) Sujet: Août 2000 - Chantant de solitude (Libération) - Partie 2 Août 2000 - Chantant de solitude (Libération) - Partie 2 Default12Sam 28 Oct 2017 - 10:02

Françoise passe le bac à seize ans et Madeleine, stricte et orgueilleuse, l'inscrit à Sciences-Po. Françoise s'enfuit, parce que son petit imper en popeline bleu ciel et ses talons aiguilles jaunes lui semblent incongrus rue Saint-Guillaume.Et puis, son émotivité lui interdit les exposés. Sur une guitare obtenue pour le bac, elle apprend la musique et compose de fragiles mélodies.

Hardie et timide, Françoise se présente aux disques Vogue avec la maquette de Tous les garçons et les filles de mon âge. Deux millions de quarante-cinq tours vendus. « Une voix fraîche, juste, moderne, composant elle-même ses chansons, Françoise Hardy vous plaira », indique le texte publicitaire de la pochette en noir et blanc, avec le nom de la jeune fille en lettres vermillon. Elle habite encore 24, rue d'Aumale, avec sa mère. On a l'impression qu'elle parle, et pourtant elle chante d'une voix vaporeuse et juste, émanant de sa silhouette d'herbe longue. « C'est une voix intérieure, transparente, comme la pensée », dit son amie Armande Altaï.

Françoise fredonne, et Madeleine, qui a cessé de travailler, s'occupe de ses affaires. « Encore à 40 ans, elle me dictait ma conduite. Critiquait mon mari. Je me crispais avant qu'elle n'arrive. Enfin, j'ai dépassé la petite fille que j'étais, en défendant Jacques. Ça a été terrible. »

Familière et distante, Françoise Hardy se raconte avec simplicité, attentive à l'exactitude. Elle accompagne ses paroles de grands gestes des mains qui flottent dans l'air.

« Françoise ? Un paradoxe sur deux grandes jambes », dit le photographe Jean-Marie Périer. Une brume pâle s'est répandue sur la mer ligurienne comme un fumigène actionné depuis la maison. Le visage étroit et hâve de Françoise Hardy se détache sur les murs de crépi immaculé. Elle a acheté cette villa en 1967, juste avant sa rencontre avec Jacques Dutronc. Cette année-là, elle chantait Ma jeunesse fout le camp. Elle avait 23 ans. De sa relation avec son mari, elle dit : « trente ans de vie.. peu commune ». Elle porte son alliance autour du cou : à distance. Avenue Foch, dans leur nouvel appartement, chacun occupe un étage. Pour parler, ils se téléphonent. C'est l'amour en duplex.

« En astrologie, on dit que Françoise a le soleil aveugle, dit son ami l'astrologue Jean-Pierre Nicola. Elle ne voit pas qu'elle est solaire, qu'elle attire les autres. » Elle n'est pas plus consciente de sa grâce que du sourire juvénile qui, furtivement, éclaire son visage. « Chaque fois que Françoise a une peine de cœur, ça lui fait une chanson », s'amuse Jean-Pierre Nicola. Sa mélancolie n'est pas fabriquée, ni rien dans son répertoire. Au contraire d'un Gainsbourg, qui composa pour elle, elle est incapable de manipulation. « Son thème indique une opposition Saturne-Vénus, souligne l'astrologue. Cela signe une nature écorchée.. l'amour, toujours, renvoie au regret, au souvenir. »

Délectation masochiste, persiflerait un psy. Cantatrice qui chuchote ­ breathy voice écrit le Guardian, ses mélodies sont l'écho d'un sentiment unique : l'esseulement.

« Je n'ai jamais pu écouter une seule de ses chansons, ça me fout le cafard », dit Jacques Dutronc. Il lui a écrit une chanson qui s'intitule.. le Cafard. Si elle évite la complaisance chagrine, c'est par la grâce d'un style léger : sa voix d'hôtesse de l'air qu'un rien habille.

Petite fille, c'est bien sûr un conte cruel, la Petite sirène, qui avait ses faveurs : un amour absolu, qui faute de réciprocité, finit par se sublimer. Fidèle à ses goûts, elle lit aujourd'hui Kawabata. Tristesse et Beauté. Écoute le disque de Michel Houellebecq, chantre de la maniaco-déprime, dont elle est devenue l'amie. Ou la bonne fée. « Un album d'écrivain, ça me faisait peur.. Mais les rythmiques de Bertrand Burgalat sont d'une variété irrésistible.. ».
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Lui, Houellebecq, c'est l'Amitié, sa chanson favorite: « Beaucoup de mes amis sont venus des nuages, avec soleil et pluie comme simples bagages.. dans leur cœur est gravée une infinie tendresse, mais parfois dans leurs yeux se glisse la tristesse.. »

Et le bonheur, où le trouve-t-elle ? Dans la chanson, encore. Certains soirs, elle se passe une vidéo de Trenet et Brassens. Ils chantent les Ducs. « Ils sont si joyeux qu'en les regardant, on est heureux. J'éprouve alors de la reconnaissance. » Dehors, la vue sur mer n'est plus qu'un écran gris sur lequel se détachent, au premier plan, quelques longues plantes mouillées. C'est l'été de Françoise Hardy, un été qui ressemble à l'automne.

Françoise Hardy en sept dates :
17 janvier 1944 : Naissance à Paris.
1960 : Sciences po.
1962 : Tous les garçons et les filles.
1973 : Message personnel, naissance de son fils.
1974 : La Question.
1995 : Le Danger.
2000 : Clair-Obscur.
Source : http://www.liberation.fr/portrait/2000/08/16/chantant-de-solitude_334259
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